Les assureurs face aux risques émergents

Les progrès technologiques, les pandémies, ou encore les conséquences du changement climatique font émerger de nouveaux risques auxquels les compagnies d’assurance doivent faire face.

Selon les experts, il y a une systématisation des risques émergents, parmi lesquels figurent principalement les risques sanitaires (la survenue de la pandémie du Covid-19 en est un exemple), les risques liés aux catastrophes naturelles, les risques climatiques et bien d’autres, qui obligent l’assurance traditionnelle à se réinventer. Comment les compagnies d’assurance au Maroc font-elles face à ses nouveaux risques ?
 

La 10e édition du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, un événement organisé par la Fédération marocaine de l’assurance sous le thème « Quelle assurance dans un monde d’incertitudes ?», a permis de lever un coin de voile sur le niveau de préparation des assureurs nationaux et internationaux face à ces nouveaux risques. Les professionnels ont notamment fait remarquer que les risques émergents remettent en cause les modèles utilisés par les assureurs tenus d’accompagner les changements de la société.

Avec l’émergence de l’Intelligence Artificielle et de tout son potentiel, le risque de désinformation devient très sérieux. Pour Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l’assurance (FMA), ce risque « compte parmi les plus grands risques de l’humanité et devance même les événements climatiques », faisant observer lors de son allocution qu’une cyberattaque peut coûter des centaines de millions d’euros aux entreprises. « Les risques émergents posent un véritable challenge aux assureurs aujourd’hui », confirme Fatima Zahrae Bamoussa, Senior Manager à Mazars. « Face à la multiplication des risques de tempêtes, de tremblement de terre, de pandémie, les compagnies d’assurance, en partenariat avec le régulateur, ont pris la mesure de la situation et sont en train de développer, petit à petit, un dispositif adéquat, capable de répondre à l’urgence. D’ailleurs, le régulateur a d’ores et déjà mis en place un dispositif d’assurance obligatoire contre les catastrophes naturelles », analyse la Senior Manager, ajoutant que les assureurs doivent mettre les bouchées doubles afin de développer des offres innovantes et compétitives, capables de répondre aux besoins du marché.

Toutefois, même si la prise de conscience des Marocains quant à ces nouveaux risques prend de l’ampleur, de nombreux experts font remarquer que les assureurs font face à des difficultés en matière de modélisation et de tarification de ce type de risque, principalement en raison d’un manque de données. « C’est un véritable défi pour les assureurs au niveau du marché marocain. Comment est-ce qu’on modélise le risque lié au séisme par exemple ? Il n’y a pas encore de modèle développés permettant aux assureurs de faire une telle modélisation en plus de la non disponibilité de la data », reconnaît Fatima Zahrae Bamoussa.

Pour réussir ce nouveau cap, les assureurs sont invités à adopter une approche plus innovante en raison de la croissance des facteurs de risque à laquelle sont confrontés les ménages et les entreprises. Toutefois, pour l’ACAPS (Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale), l’innovation ne doit pas juste porter sur le produit. Le régulateur appelle notamment les assureurs à trouver un nouvel équilibre entre risques émergents et résilience dans un contexte de multiplication des incertitudes.